L. Szondi


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Title : EGO PROFILS (FRENCH)

Sch ±±
Intégration.
Le moi qui pressent la catastrophe Le moi-intégrateur - Le Moi-Pontifex.
Ce profil désigne l'état le plus évolué du Moi, qui correspond à l' intégration réussie de toutes ses fonctions généralement dissociées par le clivage.

Idéalement le moi devient capable de transcender les oppositions entre:
(++/--): l' ambition narcissique et le renoncement, l' adaptation
(+-/-+): l' anarchisme autistique et l' inhibition névrotique
(±0/0±:) la masculinité et la féminité

(0-/±+): la participation fusionnelle et l'aliénation dans le travail et la technique
(0+/±-): l' inflation (identification) et la fuite (l'errance)
(0+/-±): l' introjection, l' incorporation et le devenir «étranger-au-monde-et-à-son-corps»
(-0/+±): le refoulement et l'acceptation de la castration

Sch ±±/00: l' intégration et la désintégration, l' hypertrophie du moi et sa liquidation

Ce profil se rencontre essentiellement à la période terminale de l'adolescence.

Cliniquement, on le voit surgir chaque fois que le moi est obligé de bander toutes ses énergies pour éviter la désintégration (00) qui menace, notamment dans - la névrose d' angoisse et l' hystérie d' angoisse - les névroses traumatiques, où le moi qui a subi un choc extrême s' efforce de refaire son unité - la tachycardie paroxystique, fréquente chez les hystéro-phobiques - les états qui précèdent immédiatement l' éclosion d' une psychose ou d' un accès épileptique.

Le profil du moi complémentaire est celui de la désintégration totale (k0p0).

Sch ±-
Fuite.
Projection freinée (Gehemmte Projektion) Le moi fugueur (Das Ausreisser-Ich) Le moi paroxysmal.
Le sujet continue de vivre sa relation à l'Autre dans un climat de dépendance où domine la projection. Mais il est très ambivalent vis-à-vis de ses tendances projectives. Tantôt il réaspire en lui tout ce qu'il projette en l'Autre, et c'est l'ivresse autistique (+-), tantôt il réprime, s'adapte (--). Le mouvement de va-et-vient entre l'une et l'autre attitude lui confère son caractère paroxysmal. Souvent le sujet s'efforce de sortir de la relation duelle où il est empêtré, en fuyant, n'importe où, sans savoir pourquoi. Fuir pour fuir. En fait, ce qu'il fuit, c'est la rivalité oedipienne (p+) et l'identification. Le sentiment le plus habituel que ces sujets éprouvent est le désespoir (Verzweiflung), désespoir de laisser derrière eux ce qu'ils perçoivent confusément comme étant le plus cher, le plus important.

Ce profil se rencontre surtout au moment où débute la période de latence (5-8 ans) et vers la fin de la vie (70-80 ans). Cliniquement il apparaît chez - les paroxysmaux épileptiformes, porio- et dromomanes - les paranoïdes fugueurs - les mélancoliques, au moment où ils commencent à se détacher de l'objet perdu introjeté, pour s'en débarrasser en le détruisant (passage de k+ à k-) - les kleptomanes, les dipsomanes, les pyromanes ... - les bègues - les épileptiques essentiels, en général.

Le profil du moi exclu par clivage est celui de l'inflation, pure, de l'investissement narcissique de soi (k0p+).

Sch ± 0
Intronégation.
Contrainte intériorisée (Zwang). Le moi obsessionnel. Le moi viril.
Ici, le moi se détourne de l' imaginaire (p0) pour se préoccuper essentiellement de la "réalité", c' est-à-dire de ce qui se donne à avoir, qui est objectal et objectif. Vis-à-vis des motions pulsionnelles et des objets qu'elles visent, le moi adopte une position ambivalente (k±): il les dénie, les dénigre, les refoule (k-) et en même temps il les approuve et les valorise (k+) sous une autre forme. Cette incapacité de prendre position est caractéristique de l' obsessionnel : il veut et il ne veut pas, il se tient à l' écart de toute actualisation concrète et immédiate de ses désirs, qu' il réalise sur le mode de la formation réactionnelle. Le désir de vengeance, par exemple, refusé par le moi, en fait un juge épris de stricte équité. Ce qui a été contre-investi est ensuite valorisé narcissiquement. C'est le sens du processus de l' “intronégation" : introjection du produit de la négation.

Ce profil se rencontre chaque fois que le sujet est tenu d' élaborer des formations réactionnelles, au sortir de l' Oedipe notamment (5 - 6 ans) et dans la seconde moitié de l' adolescence (13 -16 ans).

Cliniquement, on le rencontre chez - les obsessionnels et les anankastiques (obsessive compulsive neuroses) - les hystériques, surtout phobiques - les hypochondriaques - les psychotiques en proie à des obsessions ou des compulsions - les psychopathes délinquants (en prison, sinon ils donnent plutôt la réaction k0)

La partie du moi isolée par clivage est celle du moi féminin (k0p±).

Sch ±+
Déflation par contrainte
Le moi-travailleur - compulsif (Das Zwangsarbeiter-Ich)
Le sujet lutte contre son désir et son ambition d'être (p+) en les dévalorisant et en se dénigrant lui-même (k-) mais il parvient à réaliser des contre-investissements (k+) dans le travail, l'étude etc... Il se constitue ainsi une place, un territoire, un rôle, un statut qu'il investit narcissiquement. Ce sera le "spécialiste", le technicien de valeur. Pourtant son existence est souvent dominée par un sentiment de tristesse, de grisaille, parce qu'il lui semble confusément qu'il est passé à côté de l'essentiel, qu'il s'est coupé de son "vrai" désir, que ce qu'il a si fortement investi n'est qu'un ersatz. Si bien qu'il est toujours en danger de saboter (k-) ce qu'il réalise (k+). Il lui semble aussi que quelque chose lui manque, qu'il est notamment incapable de créer. Et effectivement, il s'est coupé de la tendance participative (p-) sans laquelle la vraie création, qui est retrouvaille de l'originel, est impossible. Souvent aussi, il souffre d'une incapacité de rencontrer les autres, de communiquer, de communier avec eux. Là encore se manifeste la carence participative. Le profil du travailleur obsessionnel est assez répandu chez les individus qui habitent activement le monde et qui se passionnent pour leur métier, leurs entreprises, mais restent insatisfaits et dubitatifs sur la valeur et le sens de leurs oeuvres.

C'est un état du moi évolué et ceux qui le présentent sont généralement de bons candidats pour l'analyse. La demande de ces sujets sera : "Aidez-moi à aimer et à créer". C'est sans doute la chose la plus précieuse qu'on puisse leur donner et dans ces cas-là la cure psychanalytique risque de réussir

Ce profil se rencontre surtout vers la fin de l'adolescence.

Cliniquement, on le trouve chez - les phobiques qui craignent l'autorité, l'esprit d'aventure, la mise à l'épreuve etc... - les névrosés narcissiques qui oscillent entre la mégal0- et la micromanie - les sujets enclins à réagir sur un mode critique, à présenter des accès paroxysmaux : crises de colère, migraines, bégaiement, agitation tapageuse.

La partie du moi séparée par clivage est celle de la projection totale (k0p-)

Sch-±
Négation de la castration, de la féminité et de l'abandon. Aliénation, Dépersonnalisation, déréalisation.
Le moi qui reste indécis sur son identité (p±) et qui refuse (k-) le manque, c'est-à-dire la castration, la féminité, la séparation, l'abandon et d'une manière générale la mort, la facticité, la déchéance ou l'échéance (Verfallen) de son être-là, se désolidarise de son destin et se coupe en même temps du désir, qui prend appui sur le manque, précisément. On voit ce qui manque ici : la faculté de dire oui, d'accepter, d'affirmer (k+) son destin. Refusant sa place dans le monde, le moi devient étranger (Entfremdung) au monde. Il fuit le désir et ses objets, il se retire dans sa tour d'ivoire, se calfeutre, s'isole. Mais comme on ne peut fuir le monde extérieur sans se détacher aussi de ses objets internes (In schwerkranken Fallen entsteht nicht nur eine Entfremdung von der ausseren, sondern auch von der inneren Welt) la dépersonnalisation menace

Ce profil est surtout fréquent, comme 0+, dans les périodes de transition (puberté, climactère) et dans la quatrième décade de la vie (âge de la jalousie).

Cliniquement, on le rencontre dans - l'hystérie de conversion, où l'exclusion de certaines parties du corps (paralysies, anesthésies etc...) figure symboliquement le désinvestissement d'une part de la réalité objectale, celle que vise le désir - l'hypocondrie - chez les suicidaires, les alcooliques, les autres toxicomanes - les jaloux morbides - certains épileptiques.

Le profil complémentaire k+p0 est celui du narcissisme opératoire. On peut voir souvent de ces rêveurs apathiques qui sortent brutalement de leurs phases de dépersonnalisation pour se donner frénétiquement à une occupation, une oeuvre, un projet ... Ce ne sont pas, comme on le croit, des maniaco-dépressifs, mais des "mal-personnalisés". Ils ne font que transitoirement corps avec eux-mêmes, ils refusent la prise de rôle, le masque (Persona) qui leur donne une consistance mais en même temps les définit, c'est-à-dire leur assigne des limites, ce qu'ils refusent, justement.

Sch--
Adaptation
Le moi dressé (Drill-Ich)

Sch (k-! p -) : Le moi destructeur. Sch (k - p-!) : Le moi dissimulateur

Ce profil s'oppose point par point au précédent. Le sujet s'adapte : il renonce à l'Etre et à l'Avoir. C'est l'Autre qui est investi de la toute-puissance (p-) c'est l'Autre qui est et qui a le Phallus, c'est l'Autre gui désire; moi, je n'en veux pas (k-), je ne veux rien de ce que l'Autre désire. Mais encore : s'il n'y a rien qui vaille la peine d'être désiré, le désir de l'Autre vise rien, et l'autre lui-même est sans valeur. Projection de la négation.

Ce mouvement négateur tantôt centripète et tantôt centrifuge évoque l'opposition célèbre du maître et de l'esclave telle que NIETZSCHE l'a présentée, à la suite de HEGEL. Le maître, dit HEGEL, est celui qui ne renonce à rien de sa liberté première, il veut tout (k+) et surtout, il veut se faire reconnaître (p+) par l'esclave qui, lui, par crainte de perdre la vie, renonce à être soi-même (k-) devant le maître. Il se venge en méprisant le désir du maître, il lui ôte toute valeur (projection de la négation : je ne vaux rien, l'autre non plus). Il nie ensuite qu'il a d'abord valorisé l'autre (négation de la projection), c'est-à-dire qu'il a d'abord désiré être reconnu par lui, et enfin il transforme sa négation en valeur (négation de la négation). Il investit non plus l'autre devant qui il a tremblé, mais le produit de son renoncement, c'est-à-dire son travail d'esclave. L'homo faber est né et avec lui, l'idéal grégaire . Égalité, fraternité, mais fini la liberté.

NIETZSCHE s'est insurgé avec la dernière énergie contre HEGEL et son apologie de l'esclavage. Nous avons fait de la réaction un progrès, clame-t-il. "Wir haben aus der Reaktion einen Fortschritt gemacht n C'est pourquoi l'homme occidental lui apparaît comme un nihiliste, un ennemi de la vie et de la liberté, un individu capable seulement de réaction et de ressentiment. La controverse NIETZSCHE - HEGEL est au coeur de tous les débats idéologiques, comme elle est au coeur du débat sur le Moi. HEGEL valorise le renoncement, la soumission, l'adaptation (--), identifiant désir et mort, NIETZSCHE prône l'affirmation (Bejahung), et du désir et de la vie, autrement dit la Volonté de Puissance (++).

Le profil k- p- est celui de l'homme de la rue (Alltagmensch) C'est de très loin le profil le plus fréquent dans la population générale. Le profil k+ p+ est environ dix fois plus rare. On pourrait dire que l'homme "normal" se présente comme un hypomane-hypoparanoiaque. Hypomane dans la mesure où k- renvoie à la dévalorisation des objets de désir et du Je. Hypoparanoiaque en ce sens que le sujet projette (p-) ses désirs, sa destructivité, sa puissance etc... dans l'Autre. De plus, la négation de la projection et de ce qui a été projeté fait apparaître l'Autre comme sans valeur, à l'image du sujet, mais aussi inoffensif. Le portrait que Szondi fait de l'Alltagsmesch rejoint celui de l'esclave de HEGEL : c'est l'individu adapté, "comme tout le monde", médiocre, sans enthousiasme et sans illusion, bien dressé (Drill-Ich), bon travailleur, pilier de l'ordre établi. Moi (Je) est devenu On.

Le profil k-p- est significativement rare chez le jeune enfant. S. DERI donne ce profil comme typique de la période de latence. Il augmente rapidement avec l'âge chez l'adulte après 30 ans.

Cliniquement, on le rencontre chez - les maniaques (-!-) - les catatoniques agités (!!-, -!!0) - les suicidaires - les caractères paranoïaques ou rigides - les psychosomatiques - les sujets atteints de paralysie générale ou d'autres formes de psychose organique - les psychopathes délinquants ou asociaux

Le profil du Moi isolé par clivage, k+p+, est celui du narcissisme total.

Sch-0
Refoulement (Verdrängung).
Le moi névrotique Le refoulement dont il est question ici et que Szondi situe à l' âge de 1' Oedipe, conduit à l' expulsion Hors du champ de la conscience (p0) de toutes les représentations de désir, et à une dévalorisation (k-) de tous les objets primitivement investis, dévalorisation qui rejaillit sur le Moi. Toute expression de désir sera niée par le moi et la satisfaction ne pourra être obtenue que sous le déguisement du symptôme (conversion, acting out, contreinvestissement...)

Cliniquement, on rencontre ce profil avec une très grande fréquence dans la population névrotique, particulièrement dans - toutes les formes d' hystérie - les névroses obsessionnelles - les troubles sexuels avec idée d' infériorité - les fausses sublimations etc . . . Lorsque les forces refoulantes agissent au-delà d' un certain seuil (k-!), on doit s' attendre à une dévaluation généralisée de toutes les valeurs liées à la vie, de tous les désirs et de tous les objets érotiques. L' apparition de cette réaction négativiste signe, peut-on dire, l' entrée en jeu de Thanatos. La destruction vise tout ce qui active le désir, le corps du sujet en tant qu' il est source d' émois érotiques, et le corps de 1' autre dans la mesure ou il joue le rôle d' activateur pulsionnel.

Cette réaction est habituelle chez les schizophrènes catatoniques dont le négativisme et l' ironie morbide sont bien connus. Elle est également fréquente, chez les maniaques dont l' hyperactivité et l' euphorie factices cachent en fait un violent appétit de destruction. Chez le catatonique comme chez le maniaque, la thanatomanie d' abord dirigée contre le moi se retourne ensuite contre le monde extérieur, ce qui correspond à un processus d' autoguérison, mais, dans tous les cas, le fond nihiliste reste intact. Notons encore que l' hypertonie en k- ne manque quasi jamais chez les suicidaires. C' est aussi une réaction typique des alcooliques.

La partie du moi séparée par le clivage k+p+ renvoie à l' acceptation de la féminité, et de la castration, qui ouvre la porte au désir. La reconnaissance du manque conditionne toute demande. Aussi k-p0 renvoie-t-il souvent à l' incapacité d' articuler une demande conforme au désir.

Sch-+
Négation de l' inflation
Le moi inhibé, freiné, entravé (Hemmung)
Le désir existe et tend à se faire reconnaître (p+) mais il subit une déflation constante, car il se heurte au veto du moi-qui-prend-position (k-). D' où le sentiment pénible d' être toujours freiné, arrêté dans son élan, impuissant à se réaliser et à réaliser ses désirs, l' impression aussi d' être anormal, plus petit ou moins bien fourni que les autres, la frustration et la jalousie, le besoin de rivaliser... pour ne pas entrer en conflit avec le ça, le moi se limite dans l' exercice de ses fonctions, il les inhibe. L' incapacité de faire corps avec l' image idéale de soi fait que le fantasme prend le pas sur l' existence réellement vécue et que la rivalité (homosexuelle) supplante le désir (hétérosexuel).

Ce profil se rencontre chaque fois que le sujet doit s' empêcher de réaliser son désir. Il est particulièrement fréquent à l' adolescence et dans la deuxième décade de la vie.

Cliniquement, on le trouve - dans toutes les formes de névroses - dans l' hystérie de conversion (Sch -+, l' hypocondrie (P+-, 0-) - la névrose obsessionnelle (Sch±0) - les troubles sexuels, impuissance, frigidité etc... - la schizophrénie catatonique, plus rarement (k-!)

Le profil du moi séparé par clivage est celui de la désinhibition autistique k+p-. Il n'est pas rare que les individus fortement inhibés se libèrent brutalement, rejetant toutes les contraintes qu' ils subissaient antérieurement. Cette métamorphose se réalise avec éclat chez les hystériques qui présentent le phénomène de "double personnalité".

Sch0±
Projection inflative. Le moi abandonné, châtré Le moi féminin.
Le dilemme identificatoire se pose ici dans toute son acuité. Entre le désir d'être-soi (p+) et celui de rester dans l'Autre ou d'y retourner (p-), le sujet balance sans se décider à prendre position (k0). L'individuation, l'investissement narcissique de soi, l'accès au statut de sujet désirant autonome ne sont pas choses possibles tant qu'ils éveillent la crainte de perdre l'Autre, encore fortement valorisé et trop investi. Dès lors, un sentiment de Perte inéluctable envahit le sujet : s'il s'abandonne à l'autre, c'est la castration, S'il s'en en détache, c'est l'abandon. Notons que p+, qui connote le mouvement d'assomption narcisique-phallique introduit aussi et nécessairement à la rivalité oedipienne où s'alimentent continuellement la peur de la castration et de l'abandon.
L'ambivalence en p traduit précisément l'hésitation, voire la sidération devant l'Oedipe et l'affrontement décisif du rival qu'il implique. Un tel dilemme trouve habituellement une solution dans la formation de compromis suivante : le sujet s'identifie au phallus de la mère, ce qui lui permet de se vivre comme un objet complet et parfait sans sortir de la relation duelle. La rançon en est que son désir se réduit au désir d'être désiré par l'Autre à qui il a finalement sacrifié son statut de sujet désirant. Ainsi l'Autre et le Je sont condamnés à se valoriser mutuellement. Le terme de “projection inflative" renvoie à ce type de relation caractérisée par l'adoration réciproque.

Cette problématique est typique des homosexuels et des femmes "phalliques" qui s'identifient globalement au phallus. C'est pourquoi on peut dire du profil k0p+ qu'il est celui du Moi féminin en ce sens que le sujet s'y vit comme phallus de la mère, objet complet mais non tout à fait détaché, préoccupé uniquement d'être, refusant d'avoir, d'où l'idéalisme, l'irréalisme, l'introversion, le goût du mélange, l'immersion dans le Tout, l'indifférence à l'autorité, qui s'opposent point par point aux qualités du Moi dit viril k±p0, chez qui prévalent le matérialisme, le réalisme, l'extraversion, le goût de la hiérarchie, du territoire etc...

Le profil k0p± est particulièrement fréquent aux périodes de transition, notamment au moment de l'entrée dans la puberté (9-12 ans) et dans la sénescence (40-50 ans).

Cliniquement, on le rencontre chez - les homosexuels passifs (S+-, P+-) - les héboïdes impulsifs (hy-!, k-!, p-!) - les schizophrènes débutants (clivage diagonal en S, P, C) - les hystériques, plus rarement les suicidaires.

Les fonctions du Moi séparées par clivage k±p0 sont celles du moi obsessionnel-viril.

Sch0-
Projection totale. Participation. Le moi paranoïde
Ce profil traduit l' état le plus primitif du moi, où s' exprime le besoin fusionnel archaique, soit la participation totale à l' autre, à la mère, à la nature, à l' univers, au grand Tout. Le sujet y projette ses désirs et sa puissance propre sur cet Autre dont il attend tout. C' est la projection primaire. Cette aspiration adualiste renvoie au narcissisme primaire, au "sentiment océanique", ou à cet état particulier que BALINT appelle "amour primaire" (primary love). Lorsque cet état prend inévitablement fin, il laisse dans l' inconscient une béance qui ne pourra pas être réparée sans laisser certaines cicatrices. Colmater cette béance, c' est l' inextinguible et impossible projet qui gît au fond du désir humain. A chaque fois qu' il se reprend à cette tâche, l' homme ne peut qu' éprouver la même désillusion cruelle. Celle-ci, par l' effet de la projection - secondaire - se mue en accusation contre qui l' abandonne à son sort d' individu irrémédiablement séparé. L' objet dont on attendait tout devient nécessairement persécuteur. On comprend que la projection secondaire se réactive chaque fois que le sujet régresse au stade du primary love.

Au commencement, il y a l' impuissance et la PERSÉCUTION, et non l' action, comme le pensait GOETHE. La pulsion de mort, et son corrélat, l' aspiration narcissique primaire, sont premiers. Sur ce point Szondi rejoint Freud et Mélanie KLEIN. On aurait tort cependant de considérer que la participation recouvre seulement des tendances régressives et péjoratives. Szondi parle de "chancre des temps modernes" (Krebsübel der Gegenwart) pour désigner la maladie mortelle de nos sociétés hyperdéveloppées prônant un idéal d' autonomie excessive, où il s' agit d' arracher rapidement l' enfant au paradis de la dépendance pour l' obliger à s' assumer au plus tôt, "comme un grand”, dans un individualisme forcené. Là où FREUD voyait dans un refoulement prématuré de la sexualité la source du "malaise dans la civilisation", Szondi invoque plutôt le mépris de la "participation". Loin de s' exclure, les deux opinions s' épaulent. Le schizophrène - chez qui s' exprime au plus haut point le besoin d' un retour à l' état narcissique primaire ne se rencontre peut-être pas plus fréquemment dans nos cultures que dans les sociétés primitives ou traditionnelles, mais il s' y intègre beaucoup plus mal, dans la mesure où il incarne aux yeux de l' individualisme rationaliste, le mal absolu. A l' opposé du primitif qui participe au grand Tout - par le clan, le totem, le mana ... - le civilisé ne participe plus à rien du tout.

Il existe à ce propos une étude expérimentale extrêmement intéressante menée par PERCY (1) sur 100 nègres de brousse (1) Ich-Analyse, p. 524. Cet auteur a fait apparaître que le profil du moi était excessivement fréquent, représentant 42 % de la totalité des profils du moi. A titre de comparaison, la fréquence du profil paranoïde est de 14 % dans la population navarraise (YARRITU) et de 8 % dans la population hongroise (SZONDI).

L' affaiblissement des tendances participatives chez l' homme civilisé lui fait courir le risque de succomber à la tentation de reconstituer des totalités factices (nationalisme, fascisme ...). Longtemps, la religion a joué ce rôle de combler le vide, en créant l'illusion d' un espace-temps enveloppant douillettement l' individu. Quelqu'un a dit que depuis KANT, nous n' avons plus la tête dans l' espace mais l' espace dans la tête. Le passage de p- à p+, c' est un peu cela. Lorsque la fonction de participation tourne à vide, la fonction de croire (das Glauben) subit le même sort. C' est pourquoi Szondi confère au Moi Pontifex, à côté de son rôle intégrateur et transcendantal la mission de restaurer les fonctions de participer et de croire, ce qui revient à lui assigner le but de réinsérer l' histoire du sujet dans l' histoire de l' Autre, restauration qui permet en définitive de damer le pion à Thanatos, en le battant sur son propre terrain. "The end is where we came from" (T.S. ELLIOTT)

L' étude expérimentale à l' aide du test montre de façon constante que les tendances participatives qui sont quiescentes aux périodes actives de la vie, augmentent rapidement à partir de l' involution pour culminer à l' approche de la mort. Dans la perspective ontologique, il apparaît nettement que la sénescence s' accompagne d' un retour en force du besoin fusionnel, et de son corrélat, la projection paranoïde. Il y a quelqu' ironie tragique à considérer que cette fonction de participer et de croire qui scelle la plus haute destinée de l' homme est en même temps la source de sa plus grande aliénation.

Cliniquement, le profil k0p- se rencontre essentiellement :

· chez les schizophrènes Paranoïdes en proie au délire de persécution ou au syndrome d' influence,

· chez les épileptiques paranoïdes ...

· dans les névroses prégénitales où s' exprime avec force le besoin de maintenir ou de restaurer l' union duelle (m+!) avec l' imago maternelle, dans un style sadomasochiste (névroses d' acceptation).

En définitive, il importe de considérer que la projection n' est un processus morbide que dans la mesure où le sujet n' a pas dépassé le stade des identifications primaires la tendance p+ fait défaut - et pour autant qu' elle s' exprime unilatéralement, c' est-à-dire qu' elle n' est pas reprise en compte par le moi-qui-prend-position (k0).

Les fonctions du moi exclues par clivage, k+p+, renvoient au profil du "travailleur compulsif", dont l' expérience montre qu' il s' agit souvent d' un paranoïaque latent.

Sch00
Désintégration

Métamorphose du Moi (Ich-Wechsel). Impuissance du Moi. États crépusculaires - Absences.

Perte du Moi (Ich-Verlust) La perte du Moi, qui entraîne l' abolition des mécanismes régulateurs situés aux frontières du Ca et du monde extérieur, autorise théoriquement le libre jeu des pulsions. Eu fait, ce qu' on observe cliniquement, ce n' est pas tant une faillite complète du moi, qu' une faculté particulière de changer de rôle, notamment de rôle sexuel. A l' observateur extérieur, mais souvent aussi à eux-mêmes, ces sujets apparaissent comme inconsistants, évanescents. Leur personnalité correspond assez bien à la description qu' Hélène DEUTSCH a fait des AS IF (Personnalité "comme si"), sujets qui ne s' adaptent pas plus sur un mode alloplastique qu' autoplastique mais qui sont plutôt polyplastiques. On rencontre aussi ce profil chez les paroxysmaux, les passionnels et les bisexuels chez qui il réapparaît souvent que de façon épisodique.

Cliniquement, ce profil se rencontre chez - les psychopathes - les bisexuels, les lesbiennes tout particulièrement - les pervers sadomasochistes - les phobiques, les obsessionnels et les épileptiques dans leurs phases critiques - dans les cas d' absence, de poriomanie ou les autres équivalents épileptiques - dans les phases inaugurales ou terminales des états ou épisodes psychotiques

Le profil du Moi séparé par clivage est celui du Moi intégrateur (Sch±±) qui pressent la catastrophe et s' efforce de la conjurer.

Sch0+
Inflation totale Redoublement du moi. Ambitendance . Bisexualité- Possession (Besessenheit) - Ambition de tout être.
Ce profil marque la seconde étape du développement du moi, qui se situe juste après la rupture de la relation de participation fusionnelle. Le Moi opère ici son redoublement par l' Autre, aspirant à lui toute la vie, tous les désirs et toute la puissance des parents primitifs. Il devient son propre père et sa propre mère. Ce qui se réalise ainsi est la première ébauche de l' individuation qui permet l' identification et le passage du narcissisme primaire au narcissisme secondaire. C' est à ce niveau également qu' opère le refoulement primaire, qui procède par contre - investissement, désinvestissement de l' Autre et investissement du moi nouvellement constitué. Le refoulement primaire opère le rassemblement de la libido en la fixant sur le moi. Mais à ce stade, l' épreuve de réalité n' est pas encore possible (k0).

L' Idéal du Moi ne connaît pas de limites, c' est la mégalomanie pure. Le désir de tout-être (AllesSein) et notamment de conjuguer l' être-homme et l' être-femme en abolissant toutes les contradictions, débouchera nécessairement dans la phase suivante, sur la perception, cruelle pour le sujet, de son manque-à-être fondamental. De cette perception, dont on peut dire qu' elle coïncide avec la découverte de la castration, et du jugement (Urteil) qui sera porté sur elle, dépend le destin du sujet; suivant qu' il l' aura rejetée (Verwerfung), désavouée (Verleugnung) ou refoulée (Verdrängung), il sers psychotique, pervers ou névrosé. Le profil 0+ peut donc être considéré comme figurant l' état du Moi immédiatement antérieur à la découverte de la castration. (1) Cette opinion sera reconsidérée plus loin, lorsque nous réenvisagerons la question du "Circuit du Moi". Le passage de p- à p+ marque aussi la première étape de la conscientisation, dans trois sens différents :

1. le sujet prend conscience de son désir (Wunschbewusstsein) en aspirant à lui le désir de l' Autre. Dans le même temps - nous y voyons l' opération propre au refoulement primaire - ce désir de l' Autre est refoulé et tombe dans l' Inconscient dont on peut dire avec LACAN qu' il est précisément "le désir de l' Autre" - sauf chez le schizophrène où il continue de s' exprimer à l' état brut.

2. le sujet prend conscience de lui-même : sur cette image de soi qui s' est constituée par redoublement à partir de l' image de l' autre, il peut désormais faire dériver la libido qui se perdait jusque-là dans le micmac des pulsions partielles. Il constitue ainsi son réservoir de libido narcissique. C' est l' âge de la masturbation innocente et bienheureuse. Vis-à-vis de son propre corps, l' enfant se comporte en bonne mère, il "est" sa mère. S' il y a un stade du miroir, k0p+ est le profil qui y correspond sans doute.

3. enfin, dans le même mouvement, se constitue l' embryon de ce qui sera la conscience Surmoi; que (Geistige Zensur) dans la mesure où l' Autre dont se redouble le Moi est à la fois objet d' amour primaire et premier censeur, première personne qui dit non, refuse, interdit et se dérobe.

On peut se rendre compte que la signification de p+ est loin d' être simple. La tendance inflative pure se rencontre aux âges de la vie où se pose avec acuité le problème de l' identification dans l' être, à l' adolescence notamment, et au moment du choix amoureux. L' inflation est courante chez tous les obsédés du manque-à-être : poètes, philosophes, artistes, scientifiques, religieux, ... Cliniquement, le profil k0p+ se voit chez - les paranoides inflatifs : - érotomanes, délirants mystiques, mégalomanes, possédés, fanatiques ... - les passionnels et les jaloux - les bisexuels et homosexuels latents ou manifestes. Les fonctions du moi exclues par clivage k±p- renvoient au profil du "Moi fugueur", celui qui fuit devant la reconnaissance du désir et l' identification.

Sch+
± Acceptation de l' abandon et de la féminité
Nous avons déjà dit ce qu' il fallait penser de p+ et de la manière de sortir de ce dilemme identificatoire en se prenant pour le phallus de la mère. Ici le moi tend à réaliser concrètement son fantasme, ce qui n' est guère possible : il tombe dans l' autisme (Sch+-) ou bien dans le narcissisme total (Sch++). Ce qu' il refuse, en feignant de l' accepter, est, bien entendu, la castration car, il ne faut pas se méprendre : lorsque nous parlons, à propos de +±, d' acceptation de la castration, de l' abandon et de la féminité, en tant que celle-ci est signe de manque, il faut savoir que l' acceptation se double d' un refus puisque le sujet, châtré, dépourvu de l' appendice qui consacre la différence des sexes, s' est du même coup récupéré comme indemne à travers le fantasme d' un corps total phallicisé, lisse et sans faille. C' est une solution perverse. Dans Analyse finie et infinie FREUD a considéré que cette identification féminine de l' homme constituait la pierre d' achoppement par excellence de l' entreprise analytique. Se châtrer soi-même pour se récupérer dans le fantasme d' un corps phallique, c' est la ruse suprême du narcissisme.

Ce profil de rencontre dans les phases initiales du conflit oedipien (3 - 4 ans) et lors de sa réactivation, à l' adolescence (13 - 16 ans).

Cliniquement, on le trouve surtout chez - les névrosés paranoïdes qui ont une forte identification maternelle, se méfient de la femme et nourrissent des ambitions narcissiques importantes. - les névrosés anxieux qui luttent contre de fortes tendances incestueuses ou perverses polymorphes et qui souffrent d' une angoisse de castration intense.

Le profil du Moi séparé par clivage k-p0 est celui du refoulement névrotique. Ce que le névrosé refoule est bien souvent, en effet, son homosexualité, sa moitié féminine.

Sch+-
Introprojection
Autisme, Le moi buté (Das Trotz-Ich)
Le moi reprend à son compte, sur le mode de l' avoir (Habmacht), toute la puissance qu' il a projetée initialement dans l' Autre. Il introjecte la mère primitive, la mère phallique qui a préexisté à la différenciation du Moi en tant que sujet autonome, avant l' instauration de la loi paternelle et la reconnaissance de la différence des sexes. Cette introjection n' est pas limitée au registre de l' être, où elle pourrait se résoudre dans le fantasme, elle franchit la barrière du réel. En refusant ainsi, d' une manière radicale, la castration, le moi retombe sous le règne du processus primaire, qui envahit la réalité. La levée des barrières du refoulement entraîne une désinhibition totale, l' absence de toute discipline, et l' expression concomitante de tendances pulsionnelles antagonistes que signe la discordance, symptôme psychotique par excellence. L' autisme correspond à l' appropriation par le moi, sur un mode réel et non fantasmatique, de l' omnipotence primitive. Ici, le sujet agit réellement ses fantasmes archaïques, ou il y aspire en tout cas. Il refuse de se soumettre au principe de réalité, et de renoncer au mode de satisfaction hallucinatoire.

On rencontre ce profil dans l' enfance, à l' âge de l' opposition à tout prix (vers 3-4 ans), parfois aussi dans la période de latence (5-8 ans).

Cliniquement, on le trouve chez - les schizophrènes autistes, les schizophrènes simples et les vieux schizophrènes - les paranoïaques (particulièrement ceux “qui se prennent pour” un personnage célèbre ou important) - les mélancoliques, à la période inaugurale de la dépression - les pervers schizoïdes

La partie du moi séparée par clivage est celle du Moi inhibé (k-p+) L' alternance rapide, d' un profil à l' autre, des réactions k-p+ et k+p-, se voit de manière courante dans les périodes évolutives des schizophrénies, surtout dans la schizophrénie incipiens.

Sch+0
Introjection totale
Narcissisme opératoire. Volonté de puissance. Égocentrisme, égoïsme.
L' objet transitionnel que WINNICOTT a désigné comme première "not me possession", premier objet que je possède et qui n' est pas moi, peut être considéré comme le premier signe tangible du passage de l' être à l' avoir. Cet objet est un ersatz - mis à la place - du sein. Parce qu' il n' est ni moi, ni l' autre, il permet de poser un jalon capital sur la voie de la différenciation entre le moi et l' autre, entre le dedans et le dehors, entre le réel et l' imaginaire. L' objet transitionnel fonde la Catégorie de l' extérieur - not me - et de la perception (Wahrnehmung). Le passage de p à k opère le saut de l' imaginaire (être) au réel (avoir). On ne sort pas pour autant du monde de la toute puissance et on n' est pas très loin de la satisfaction hallucinatoire. L' illusion persiste : l' ersatz vaut pour le sein.

C' est bien ainsi que WINNICOTT voit les choses; l' aire des objets transitionnels est l' aire de l' illusion. Mais c' est une étape indispensable : si elle ne se déroule pas normalement, l' habitation du » monde extérieur, son occupation (Stellungnehmen), le goût des choses et la capacité de les investir feront défaut; et ce sera la retombée dans l' imaginaire pur, le sans-fin-sans-fond qui règne en p, le manque à être intolérable, la régression fusionnelle . Le profil k+ p0 signe ce besoin d' un ersatz qui aurait toutes les vertus du premier bon objet et qui serait complètement incorporé, intégré au moi. Le sujet se détourne de l' imaginaire, il le répudie (p0) pour investir les valeurs positives (argent, technique, métier ...) qu' il s' accapare frénétiquement. Il veut tout avoir (Alles Haben), tout incorporer (Einverleiben) sur un mode primaire, magique et cannibalique.

Ce profil apparaît aux âges de la vie où l' investissement des choses acquiert une grande importance, vers 4 -6 ans, à l' age préscolaire et plus tard, au moment du choix professionnel. On le rencontre souvent chez les individus qui subliment, dans la profession, leur besoin d' exercer sur le monde et sur les autres une domination plus magique que réelle : professeurs, psychologues, psychiatres, psychanalystes, idéologues, sociologues etc... penseurs généralement soucieux d' efficacité, à la différence des philosophes et des artistes, évoqués à propos de 0+. Cliniquement, le profil k+p0 peut apparaître dans tous les types d' affections narcissiques, en particulier chez - les pervers (fétichistes, exhibitionnistes, sadomasochistes, etc...) dont toutes les pratiques visent au déni de la castration.

FREUD avait noté que l' introjection peut porter non seulement sur des objets mais encore sur des processus psychiques. Les fantasmes, en tant qu' ils correspondent à des stéréotypes de relations d' objet imaginaires, sont le produit de telles introjections. Ce que le pervers introjecte, en un éclair (Blitzintrojektion), c' est la scène primitive qui lui a révélé la castration. L' horreur ou la stupeur qu' il a éprouvée alors n' a pas pu être refoulée. Parce qu' elle subsiste, comme un "stigmate indélébile", il doit, sans cesse “agir" la scène primitive, opérer une "mise en scène" qui le replonge indéfiniment dans la même situation, afin de se prouver au travers d' une activité sexuelle frénétique, l' inanité de ses craintes.

Dans sa démarche, il use de procédés magiques (fétiches, rituels ...). L' analogie entre fétiche et objet transitionnel est évidente. C' est la partie qui vaut pour le tout et qui permet de se consoler de la perte du tout, de s' en donner l' illusion tout au moins. - les mélancoliques et les déprimés narcissiques (dépressions de deuil) du moins au moment inaugural de la maladie, quand domine le processus d' introjection de l' objet perdu. - les autistes et les schizophrènes, surtout ceux qui se livrent à des pratiques magiques. - les obsessionnels, lorsque, au terme d' une psychothérapie ou d' un processus évolutif spontané, ils sont à nouveau capables de vivre leur analité d' une manière positive.

Les fonctions du moi séparées par clivage, k-p+, renvoient au danger de dépersonnalisation qui menace, comme on doit logiquement s' y attendre, ces tenants d' un réalisme illusoire.

Sch++
Introinflation. Tout être et tout avoir. (Alles-Sein und Alles-Haben) Narcissisme absolu.
L' ambition de tout être et le désir de tout avoir, lorsqu' ils sont associés, exercent l' un sur l' autre un effet tampon. C' est pourquoi l' état du moi ++ est d' une qualité supérieure aux états O+ et +0. Ici le sujet s' efforce d' actualiser son idéal, de le traduire dans les faits, de faire corps - au propre comme au figuré - avec lui. C' est le sens de ce qui est désigné par le terme "Introinflation".

Ce mouvement traduit l' effort du sujet Pour atteindre à la Pleine conscience de soi. Lorsque HEGEL (G.W.F. HEGEL, Propédeutique philosophique, Trad. M. de GANDILLAC Denoël, 1963, p. 77. ) écrit : "La tendance de la conscience de soi la pousse ... à se donner en toutes choses la conscience d' elle-même. Ainsi, cette conscience exerce une double activité 1°- pour supprimer l' altérité des objets et pour les poser comme égaux à elle-même 2°- pour sortir d' elle-même et se donner de la sorte objectalité et réalité présente Ces deux activités n' en sont qu' une seule. L' acte par lequel la conscience de soi acquiert une détermination est en même temps un acte d' autodétermination, et inversement. Elle se produit elle-même titre d' “objet”, il désigne parfaitement les deux mouvements par lesquels se réalise l' assomption du Je "En tant que conscience de soi, le Je a l' intuition de lui-même, et l' énonciation de cette conscience dans sa pureté est Je = Je, ou Je suis Je". Disons plus précisément Je = Moi, Je suis Moi. "Supprimer l' altérité de l' objet" et "se produire soi-même à titre d' objet" sont les deux motions que connotent respectivement p+ et k+.

Le profil k+p+ est caractéristique de la sublimation pour autant que l' investissement narcissique du Moi qui la spécifie, s' accompagne d' une désexualisation (S-- ou -0). Sinon, on verse dans le narcissisme morbide-(perversion, psychopathie ou psychose). On rencontre surtout ce profil au moment de la crise d' originalité juvénile, et dans la 3e décade de la vie.

Cliniquement, on le trouve chez - les schizophrènes paranoïdes, chez les jeunes schizophrènes surtout, qui font de la mégalomanie ou, à l' inverse, se disent impuissants, vidés de leur substance. - les psychopathes exaltés. - les pervers hermaphrodites, les travestis - les paranoïaques quérulents - les psychasthéniques qui éprouvent un sentiment de désespoir impuissant devant leur idéal du moi trop exigeant.

Le profil du Moi exclu par clivage k-p- est celui de l'adaptation.

c 1996-2000 Leo Berlips, JP Berlips & Jens Berlips, Slavick Shibayev