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Das Wahre ist das Ganze

SZONDI et RORSCHACH

 

Jean Mélon

 

Das Wahre ist das Ganze. Le vrai est le tout. Mais le tout est seulement l#essence s#accomplissant et s#achevant moyennant son développement.

G.W.F. HEGEL. Préface à la Phénoménologie de l#Esprit, p. 18.

N#importe quel classement que vous lisez provoque en vous l#envie de vous mettre dans le tableau : où est votre place ? Vous croyez d#abord la trouver ; mais peu à peu comme une statue qui se désagrège ou un relief qui s#érode, s#étale et défait sa forme, ou mieux encore, comme Harpo Marx, perdant sa barbe postiche sous l#effet de l#eau qu#il boit, vous n#êtes plus classable, non par excès de personnalité, mais au contraire parce que vous parcourez toutes les franges du spectre : vous réunissez en vous des traits prétendument distinctifs qui dès lors ne distinguent plus rien ; vous découvrez que vous êtes à la fois (ou tour à tour) obsessionnel, hystérique, paranoïaque et de plus pervers (sans parler des psychoses amoureuses), ou que vous additionnez toutes les philosophies décadentes …

Roland BARTHES. Roland BARTHES. Seuil, Ecrivains de toujours, p. 146.

 

La théorie szondienne du moi repose essentiellement sur le concept de clivage (Ichspaltung).

Szondi exploite ainsi jusqu#à leurs conséquences ultimes les intuitions de BLEULER et de FREUD et se situe dans la ligne des continuateurs les plus originaux et les plus féconds.

Szondi présente le moi comme un ensemble de fonctions élémentaires - projection, inflation, introjection, négation - qui s#associent et se dissocient par clivage.

Les clivages opèrent sur le bloc originel des quatre fonctions de la « pulsion totale » (Ganztrieb) et les dissocient suivant certains plans que l#étude des structures du moi permet de préciser.

L#analogie avec la structure des cristaux, proposée par FREUD pour expliciter le concept du clivage, est particulièrement adéquate pour illustrer le mode d#organisation et de fonctionnement du moi selon SZONDI. SZONDI présente toujours conjointement les profils du moi qui résultent d#un même clivage ( clivage vertical : ± O/O± , diagonal : +-/-+, horizontal : --/++ etc… ). Il suppose ainsi que ces profils complémentaires correspondent a des positions antithétiques - mais aussi secrètement parentes - du moi.

Notre recherche confirme la thèse szondienne. Les lignes qui suivent, en regroupant , sur ce mode de l#opposition en miroir, quelques-unes de nos constatations, tentent de le montrer.

 

Le clivage vertical : le moi pathétique (O± ) et le moi pathique (± O).

Le clivage vertical tend à produire deux figures du moi qui renvoient à des modalités opposées d#être-au-monde et de concevoir la durée .

La position o± s#avère intenable. Tout se passe comme si, hors d#une installation ferme en p- ou en p+, qui sont des positions stables, le projet d#exister s#avérait impossible. L#inconfort de cette position provient de l#extrême distance qui sépare l#indéfini du non-être participatif (p-) de l#infini de l#Etre-Tout (p+).

La question posée en p est, très spécifiquement, celle des identifications primaires caractérisées par le passage brusque d#une image du corps en morceaux à celle d#un corps complet et virtuellement tout-puissant, passage où se réalise « l#assomption jubilatoire du Je » (Lacan).

Cette trajectoire fulgurante, toujours susceptible de s#inverser en retombée dans le corps morcelé, confère au moi qui la subit le caractère pathétique de la plainte d#Hamlet : « Etre ou ne pas être … mourir, dormir…. Est-ce que la conscience fait de nous des lâches ? »

Dans le registre k, qui est celui du « réel » - entendu dans le sens de « l#objectal » en tant qu#il s#oppose au registre du « narcissique » - la question n#est plus « To be or not to be » mais « To have or to have not », et c#est de posséder son propre sexe qu#il s#agit avant tout. Pour parler bref, disons que la distance qui sépare k+ de k- est celle, réglée par l#interdit de jouir, qui sépare la main du sexe, au lieu qu#en p, se pose plutôt la question de l#interdit d#exister comme individu séparé et d#énoncer un désir en première personne.

La problématique k+/k- redouble au niveau du moi l#opposition S-P, soit le conflit entre la jouissance sexuelle et l#interdit, tandis que l#alternative p+/p- renvoie au procès de différenciation entre le Moi-Je (Sch/p+) et l#Autre (C/p-).

Si p est le facteur de l#identification primaire, en prise sur la question de l#Etre, k est celui des identifications secondaires, en rapport avec l#Avoir, et qui subissent l#impact des interdits sexuels.

Les  « intronégatifs » donnent volontiers au Rorschach des kinesthésies qui « racontent une histoire ».

Nous redonnons ici l#exemple d#un sujet « obsessionnel » qui donne à la planche IV la réponse suivante :

« …Un enfant qui se fait monter et descendre en balançoire…

Un roi assis sur un trône, il a l#air fatigué de régner, on dirait le Tsar…

Un moujik qui s#avance résolument, avec un harpon dans chaque main…

Suite et fin : le Tsar tombe en bas de son trône, les quatre fers en l#air.

Le moujik a triomphé, mais c#est un triomphe un peu facile ; le tsar n#avait plus envie de régner… »

Ce qui doit ici retenir l#attention est la remarquable adéquation de la forme et du contenu. Le conflit avec le surmoi (le Tsar), issu de l#interdit de la masturbation (l#enfant qui se balance), est représenté dramatiquement à travers des réponses kinesthésiques de type divers (d#extension, statique, de flexion … ). C#est le signe que le conflit avec le père, centré sur l#interdit de jouir du pénis, a été complètement intériorisé et soumis au « travail du négatif ».

Au moi « pathétique », abandonné, dépersonnalisé (O± ), répond un moi « pathique », que ne rebute pas « le sérieux, la doute, la patience et le travail du négatif » (HEGEL) mais qui au contraire, parfois, tel Sisyphe, s#en délecte.

La « lutte à mort » centrée sur le désir d#être reconnu par l#Autre dans son désir propre (p+) à moins de tomber dans la plus totale servitude (p-), cette lutte qui peut indéfiniment rester soumise à l#impératif du Tout ou Rien qui règne en p, est ici médiatisée, et convertie en un conflit dialectique axé sur l#appropriation (k) de l#objet - sexuel- qui assure identité, autonomie et indépendance.

Subsumant l#indépassable dilemme sucité par la question de l#Etre et du Néant, la médiatisation introduite par le facteur k permet que le conflit primaire soit dialectisé, introduisant à la problématique du devenir et de l#insertion du sujet dans son histoire et dans l#Histoire.

Rapportée à la clinique, l#opposition entre le moi pathique et le moi pathétique est analogue à celle qui distingue le moi obsessionnel « fort » et « dur » (± o) de son double « faible » (o ± ), dépersonnalisé ou prépsychotique.

 

Le clivage diagonal : d#un autisme (-+) à l#autre (+-)

Il existe entre les deux types de sujets que Szondi qualifie d#  « autistes » (+-) et d#  « inhibés » (-+) des différences profondes  ; mais, sur un point au moins, ils se ressemblent : les uns et les autres sont affrontés, sans médiation possible, à la question des identifications primaires ; ce qui fait rage ici est un conflit inexpugnable entre les investissements d#objets partiels et l#investissement narcissique du soi.

Cliniquement, on note que le groupe des « autistes » comprend une bonne moitié de schizophrènes résiduels depuis longtemps anévolutifs, tandis que, chez les « inhibés », on repère environ 50 % d#hystériques et 25 % de psychotiques qualifiés d#aigus ou de processuels.

Le premier fait intéressant réside dans l#opposition tranchée entre deux variétés d#états psychotiques, aigu et chronique, nettement différenciés sur la base de l#opposition entre les deux profils du moi issus du clivage diagonal.

L#autre fait qui donne à penser est l#affinité, notée par Freud et toujours à nouveau posée par la question des psychoses hystériques, entre l#hystérie et la psychose en ses moments féconds.

Nous allons nous pencher sur l#opposition entre les deux formes principales de psychose, la résiduelle, et la processuelle ou l#aiguë.

Ce qui ne peut manquer de frapper l#attention à la lecture des Rorschach, c#est le ton extrêmement froid et dévitalisé des réponses des « autistes », en contraste avec la ferveur, nourrie d#exaltation et de désespoir, qui caractérise les « inhibés ».

Le conflit des investissements s#oriente chez l#autiste dans le sens d#une primauté absolue conférée à l#objet partiel ; chez le psychotique en phase évolutive, on assiste plutôt aux efforts désespérés d#un sujet qui tend à s#autoconstituer comme Je et qui n#y parvient pas.

L#autiste, comme le mélancolique et le fétichiste à d#autres niveaux, découvre la complétude dans l#introjection perpétuellement renouvelée d#un sein qu#il reproduit indéfiniment sur le mode hallucinatoire. C#est en ce sens que nous invoquons la « primauté conférée à l#objet partiel ». Le moi du schizophrène autistique mérite d#être défini comme un « moi-bouche-sein ». De la même manière, on pourrait désigner le moi mélancolique comme un «  moi- sphincter - objet broyé-détruit » et le moi pervers comme un « moi-sexe coupé-fétiche ».

Dans les trois cas, le moi est entièrement absorbé par sa fonction d#équarisseur, il ne cesse de prélever l#objet du désir sur le corps de l#autre et de s#identifier totalement à cet objet, ou à la relation de production-consommation qu#il entretient avec cet objet.

Chez l# « inhibé », on assiste, inversément, au désinvestissement de l#objet partiel (k-) et au report de la libido objectale sur une image de soi (p+) grandiose. L#exaltation qui caractérise ce mouvement d#auto-production du Je ne saurait faire oublier tout ce qui est perdu dans cette opération. Ce que l#autiste refusait en fusionnant avec l#objet, l#  « inflatif inhibé » le revendique : en se voulant pur être-pour-soi, il entame un combat militant contre les objets, en particulier contre l#objet sexuel, paradigme de toute différence et signifiant privilégié de l#insupportable manque-à-être. Au Rorschach, cette aspiration à la complétude de l#Etre se traduit par la surproduction de contenus humains, contrastant avec leur complète absence chez les « autistes ».

Ce qui impressionne le plus chez les psychotiques aigus, c#est l#extrême désarroi où les plonge la révélation de la différence des sexes. Ils en tirent la conclusion que toute rencontre érotique, toute communication passant par le corps, est radicalement exclue. Ne doit-on pas voir dans cette conjonction d#une angoisse de castration écrasante et de la fin de non-recevoir catégorique qui lui est opposée le « primum movens » de toute crise psychotique ?

Chez quelques-uns, les dégâts s#arrêtent là. L#effroi initial débouche, d#une part, sur une lutte acharnée et sans relâche contre la sexualité et, d#autre part, sur une retraite farouche vers les cimes romantiques où nostalgie et désespoir alternent sans trêve : « Il n#y a pas d#amour heureux ».

Chez d#autres, l#entreprise destructrice ne vise plus seulement ce sexe maudit - « Le sexe sépare ce que l#amour unit », se plaignait ARTAUD - elle se prolonge d#un morcellement du corps entier qui restitue à chaque zone érogène son indépendance originelle : bouche, anus et sexe recommencent à fonctionner pour leur propre compte. Cette fusion du Moi avec le Moi idéal récupérant la toute-puissance des objets partiels est ce qui est connoté par Sch + -.

L#opposition -+/+- renvoie donc selon nous à l#opposition entre deux formes d#autisme, l#  « autisme-dans-l#Etre » (-+) et l#  « autisme-dans-l#Avoir » (+-) dont le premier correspond aux « moments féconds » psychotiques, tandis que le second est l#apanage des états psychotiques résiduels, caractérisés par la régression la plus profonde.

Il est possible - et SZONDI soutient cette opinion - que le renversement de -+ en +-, qui correspond à la retombée du primaire dans l#originaire, résume de façon saisissante la destinée schizophrénique : d#un autisme à l#autre, du vide abyssal de la pensée sans objet et du soi grandiose au plein du corps-objet, assemblage de machines-organes.

 

Le clivage horizontal : l#affirmatif (++) et le négateur ( - - )

Il n#y a pas de sujets qui s#opposent davantage que ceux-ci . S#il est permis d#imaginer l#éventualité d#un passage de o ± à ± o (réalisant un mode de névrotisation stable du type obsessionnel) ou de -+ a +- (qui accomplit la trajectoire psychotique) et si l#expérimentation reflète parfois effectivement l#actualisation de ces destinées virtuelles, il n#y a pratiquement pas d#exemple du passage de ++ a - - et vice versa .

Considérés du point de vue nosographique, les négateurs apparaissent comme les représentants en titre des formes d#existence pathologiques caractérisées par une carence d# élaboration psychique : maladies dites psychosomatiques, psychopathies, névroses d#angoisse, dépression simple.

Les négateursont une vie psychique pauvre et peu de fantasmes. Ils donnent l#impression de vivre en marge de leur inconscient et en marge de tout désir. L#investissement de la réalité matérielle dans sa dimension mécanique - « la pensée opératoire » - leur tient lieu de défense privilégiée : réalité externe contre réalité interne.

A l#opposé, les affirmatifs privilégient, abusivement parfois, la réalité psychique et la sphère du fantasme. Il serait faux de dire qu#ils ignorent la réalité externe ou qu#ils s#en désintéressent, mais ils ne se gênent pas pour la noyer sous un déluge de fantasmes souvent très personnels. C#est chez eux qu#on trouve le plus grand nombre de sujets sublimés, idéalisant les pulsions, ou d#artistes capables d#une vision transréelle du monde.

Si nous avons choisi d#appeler les uns négateurs et les autres affirmatifs, ce n#est pas seulement parce que cette qualification redouble le sens immédiat des signes szondiens (+ et - ) mais surtout parce qu#elle évoque une typologie, celle de NIETZSCHE, qui se révèle pertinente pour désigner ces deux types d#individus. L#affirmatif, ou le sujet actif, est, selon NIETZSCHE, celui qui affirme la valeur de la Vie, du monde et de soi-même, le négateur ou le «  ré-actif » est l#homme du ressentiment qui ne peut ni ne veut rien valoriser. C#est, à notre avis, ce que traduit Sch - - : une entreprise de ravalement de toutes les valeurs .

Ce qui nous a frappé plus particulièrement à la lecture des Rorschach des affirmatifs, c#est un certain ton, ou un certain rythme, fait d#une alternance de flux et de reflux, comme le va-et-vient de la marée, par où s#exprimerait le dynamisme propre de la pulsion, quelque chose comme le mouvement pendulaire de l#Eternel Retour, qui est sans doute la métaphore la plus réussie qu#on ait inventée pour se représenter la vie même des pulsions ; ou bien encore ce que Guy ROSOLATO, y situant le ressort essentiel de la créativité, a nommé « l#oscillation métaphoro-métonymique ».

On se souviendra des réponses, à la planche X du Rorschach, de cet émule d#Empédocle célébrant la victoire des forces de vie :

Je vois là les deux yeux d#un enfant qui n#est pas encore né … L#espoir … l#égarement… le retour … la recherche d#un absolu… la limite… le don de la vie … la construction du neuf.

L#accouplement … deux êtres qui sont physiquement très proches …

La fusion, la séparation dans l#unité …

La similitude de tous et de tout… des situations diverses qui sont pourtant les mêmes mais situées ailleurs … L#autre est loin mais c#est le même … tous lui sont semblables, tous cherchent à se réaliser, les petits comme les grands, tous cheminent, les uns sont en route, les autres regardent, les uns s#expriment par des gestes, d#autres par la pensée mais tous cherchent à se retrouver …

Les yeux de l#enfant qui n#est pas encore sorti du sein sont déjà là qui nous interrogent, il nous appelle à préparer sa venue … nouveau mystère pour nous. Il nous interroge sans savoir … le monde est là et il nous reste à l#achever.

C#est à ça que nous appellent les yeux que nous voyons, les yeux qui nous regardent et tout ce qui nous entoure.

La proximité et la familiarité que le sujet affirmatif entretient avec l#inconscient se traduit par l#escamotage de la négation.

 

Amour (o - ) et travail ( ± +).

SZONDI évoque l#image du « travailleur compulsif » (Zwangsarbeiter) pour désigner Sch ± +, tandis qu#il invoque la « mentalité primitive » pour caractériser le moi « participatif » Sch 0-.

L#opposition entre un moi hyperdéveloppé et la forme du moi la plus primitive ou la plus régressée pourrait valoir pour en désigner bien d#autres, mais, fondamentalement, cette opposition se ramène à ceci : ce que le « Zwangsarbeiter » travaille compulsivement, c#est la pulsion, dont il tend à produire, davantage que tout autre sujet, un maximum de rejetons, aussi bien dans le registre de l#affect (Affekt-Representanz) que dans celui de la représentation (Vorstellungs-Representanz) ; le « participatif-projectif », à l#inverse, ne produit rien, il s#en remet totalement à l#Autre pour tout ce qui regarde le traitement de ses tensions pulsionnelles. Dans le premier cas, le contenant destiné à recevoir les pulsions est un appareil psychique hautement différencié, dans le second cas, il n#y a pratiquement pas d#activité psychique à proprement parler, le contenant, c#est nécessairement l#autre, ou l#Autre.

Le moi ± + s#efforce de dépasser la question de l#identification « paranoïaque primaire » (p+) en la médiatisant (k± ) par le truchement du travail créatif - « L#home n#est rien d#autre que la somme de ses actes » dit SARTRE - et nous avons pensé qu#il n#existait pas de plus belle allégorie de ce type de sujet que l#esclave hégélien, dont l#analysant est aujourd#hui le fidèle héritier : se transformer et transformer le monde ne constituent qu#une seule et même entreprise.

Le moi 0- ne se pose pas tant de problèmes ; il lui suffit de recourir au mécanisme simple de l#identification projective et de l#idéalisation de l#Autre pour retrouver la paix de l#âme. Nous l#avons désigné comme le moi-de-groupe, le moi-on- anonyme, qui se repose sur un Grand Autre ou les autres, dont il reçoit la détermination de ses désirs. Par lui-même et pour lui-même, il n#a pas d#existence et ne veut pas en avoir.

Evoquant la horde primitive, FREUD dit que l#activité de représentation est inversement proportionnelle à la puissance des liens affectifs qui unissent entre eux les membres d#un groupe.

Expérimentalement, c#est bien ce que nous constatons : tandis que les « travailleurs » viennent en tête pour la production de « représentants » pulsionnels, de représentations (K) et d#affects (C, E, Clob), les « participatifs » arrivent en queue.

Le contenu des kinesthésies est ici très révélateur. Tandis que les « travailleurs » en produisent un grand nombre où s#exprime précisément leur acharnement à porter le fardeau de l#existence, à intégrer le négatif, la perte et la mort, les « participatifs » n#en donnent que quelques-unes mais, très significativement, elles traduisent presque toutes le besoin fusionner, ou, plus normalement, celui d#un lien affectif fort. On constate par ailleurs communément que la tendance fusionnelle a pour corollaire presqu#obligé l#angoisse de destruction, de persécution ou d#anéantissement.

La trajectoire qui va de 0- à ± + accomplit le destin promis par la Genèse : l#homme chassé du paradis (p-) pour s#être voulu semblable à Dieu (p+) est maudit dans son sexe (k-) - Yahvé dit au serpent : «  Je mettrai une inimitié entre toi et la femme » - et condamné à procréer, à transformer la terre, toujours astreint au patient et douloureux « travail du négatif » (k± ).

Le mythe du péché originel consacre la volonté du moi d#assumer sa mégalomanie constitutionnelle : si le moi n#est qu#images, mirage ou collage et ramassis d#histoires, il est fatal qu#il cherche dans la culpabilité d#être et de désirer un centre de gravité à la mesure de l#importance qu#il se donne. Sa majesté le moi se nourrit d#une faute imaginaire pour se donner du poids. Mais ce poids est plus lourd à porter que tous les autres. Aussi rêve-t-il qu#on l#en débarrasse, qu#un autre le porte à sa place, qu#on l#aime, enfin !

« Car là où l#amour s#éveille, périt le moi, ce sombre despote ».

Muhammad Ibn Muhammad, cité par FREUD.

c 1996-2000 Leo Berlips, JP Berlips & Jens Berlips, Slavick Shibayev