L. Szondi


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Essai d'innovation la diffusion du szondi

ESSAI D#INNOVATION

LA DIFFUSION DU SZONDI

Anne GAYRAL

Hongrois, de formation médicale, Léopold Szondi (1893 - 1986) s#est spécialisé en neuropsychiatrie. Enseignant la psychopathologie, ses recherches ont porté sur l#hérédité et les théories géniques. Son travail est essentiellement fondé sur des enquêtes généalogiques.

Fondateur de la psychologie du destin, appelée également « analyse de la destinée », il élabore un système pulsionnel et met au point un instrument, qui initialement dénommé « diagnostic expérimental des pulsions », a été par la suite très vite baptisé, comme bien d#autres, du nom de son créateur.

Datant de 1947, comment se fait-il que le modèle szondien soit peu connu et si peu utilisé ? En effet, l#audience est limitée mais demeure cependant vivace. Il existe certains foyers dont le plus réputé, le C. E. P. (Centre d#Etudes Pathoanalytique), se trouve en Belgique, en relation avec l#Université de Louvain. En France, nous comptons le G.E.R.S.A.G. (Groupe d#Etudes et de Recherches Szondiennes pour l#Approfondissement de la Graphologie); des groupes d#études et de réflexions se sont constitués dans les villes de Dijon et Besançon. A Montpellier, le Groupe d#Etudes Szondiennes va atteindre 10 ans d#existence. La revue Fortuna (17 numéros parus à ce jour) témoigne de son activité.

Léopold Szondi définit sa méthode comme « une épreuve qui sert à l#exploration des constitutions et des mécanismes pulsionnels individuels ».(L. Szondi, p.23).

Test non verbal, il consiste en un choix de photographies sans la nécessité d'expliciter ses préférences ou ses rejets . Dans les préférences de l'individu, va s'exprimer la dynamique pulsionnelle. Cette dernière est le fruit et l'expression de ses forces et de ses faiblesses. La gestion de cette dynamique nous renseigne sur ses réservoirs pulsionnels auxquels l#individu peut faire appel et sur ses potentialités à les utiliser.

Les visages photographiés ont pour fonction de faire réagir le sujet à des figures qui expriment des traits particuliers et précis. Le mode d'action des photographies procède du fait que toute perception ou représentation d'un mouvement éveille chez celui qui le perçoit la tendance au même mouvement. Chaque faciès possède un caractère évocateur. Le test poursuit l'exploration de cette capacité de résonance du sujet.

Chaque visage (reflétant une entité psychopathologique), considéré comme ensemble, à raison du travail opéré par la maladie, est devenu le reflet du mode d'être particulier qui a envahi l'existence de la personne.

Les mêmes tendances sont présentes chez tous, mais leurs forces relatives et les relations qu#elles entretiennent entre elles varient d#un individu à l#autre, et d#un moment à un autre chez une même personne. La distinction individu malade / individu sain s#effectue sur un plan quantitatif. Le terme de pathologie est employé lorsqu#un domaine pulsionnel est source de tensions et que le moi n#exerce pas (ou plus) son rôle d#arbitre.

Les divers aspects de la personnalité sont abordés à travers les quatre vecteurs du schéma pulsionnel szondien.

Les vecteurs Sexuel (S) et de Contact © révèlent les mouvements pulsionnels par lesquels le monde se trouve investi de la manière la plus immédiate (au sens littéral du terme, c#est à dire sans médiation). Ces vecteurs, dits périphériques, traduisent la relation du sujet au monde, à la fois en tant qu'être sexué et en tant qu'être social. C'est la vie de relation directe aux choses qui est concernée.

Le vecteur Contact (ou Circulaire) traduit la manière dont un sujet tient au monde, comment il se maintient sans se laisser emporter par les sensations qui l#habitent. C'est l'insertion de l'individu à ce qui l'entoure. C'est le rapport aux autres qui se joue. Il indique la relation de l'individu au monde, la forme de la relation : orale (m) ou anale (d). C'est la question de conserver ce qui est possédé ou de se diriger vers autre chose qui se pose au niveau du facteur d. Du coté du facteur m, le sujet réagit au besoin de s'accrocher aux objets pour en retirer plaisir et soutien. C'est le vecteur de l'ambiance, des sensations, de la liaison avec le monde de l'alentour.

Le vecteur Sexuel concerne le rapport au corps. « Les attitudes du sujet relatives à la corporéité, attitudes qui ne deviennent sexuelles au sens strict qu#en se combinant aux composantes d#autres vecteurs. C#est la médiation du contact rendra ce rapport au corps intercorporel ».(A. De Waelhens, p. 309). Le facteur h, facteur d'Eros, régit toute liaison ou formation de liens; facteur de sensualité, d'érotisation et d'érogénéisation du corps, il exprime le besoin de tendresse. Le facteur s est responsable de la destruction des liens objectaux. C'est le facteur général de l'activité corporelle, de l'investissement musculaire. Il met l'accent sur la possession du corps en tant qu'objet. C'est le vecteur du monde des perceptions.

Les vecteurs Paroxysmal (P) et Schizophrénique (Sch), appelés vecteurs centraux, expriment davantage une intériorité. Ils manifestent la position du sujet par rapport aux exigences pulsionnelles qui émanent des deux autres vecteurs. Ils indiquent la façon dont les mouvements pulsionnels se trouvent repris et élaborés par le sujet sur un mode plus intériorisé. Avec les tendances pulsionnelles centrales, le sujet se protège contre les dangers pulsionnels périphériques (et ce sera là un point important de l#interprétation).

Le vecteur P est conçu par Szondi comme un mécanisme de défense contre les dangers extérieurs d'une part, et contre les dangers intérieurs d'autre part. Il nous informe sur les éléments constitutifs du contrôle émotionnel. C'est le rapport à l'autre qui est concerné, la capacité à l'accepter comme singulier soit par la conscience de la faute (e); soit par ce qui peut compromettre la relation à autrui (hy) : le besoin de se faire valoir aux yeux d'autrui, se montrer à l'autre, se cacher, se dissimuler. Les facteurs e et hy renvoient à titre essentiel à " une collectivité humaine qui instaure des règles et des lois et organise par là, la vie en commun des hommes". (M. Legrand, p.71). La pulsion paroxysmale intervient dans le mode de décharge des affects.

Le vecteur du Moi (Sch) est l'instance centrale; son élaboration théorique est la clef de voûte de l'architecture szondienne. Il structure les autres vecteurs: il a pour fonction d'élaborer les autres pulsions, de les soumettre à ses propres processus et de les transformer. Il est le lieu des mécanismes de défense, face aux dangers pulsionnels représentés par les autres vecteurs, mais également face à ceux qui lui sont propres. Les réactions du sujet dans ce vecteur témoignent d'une tendance à s'exprimer à travers laquelle le Moi se pose par rapport à lui-même, c'est à dire qu'il se constitue et s'élabore dans l'interaction avec l'extérieur. "La personne y est en jeu dans ce qui la constitue comme moi et dans le débat qu'elle engage toujours avec la réalité alors même qu'elle se forme en entrant en rapport à soi." (M. Legrand, p.74). C'est de l'ordre de la dimension du sujet. C'est le rapport de soi à soi qui est posé, le style de la personne dans son être-au-monde, son expression même. C'est le vecteur du rapport à soi et à la réalité. La fonction p est référée à l'auxiliaire "être", au registre des représentations, de la mise en scène de ses relations aux autres. La tendance k , référée à l'auxiliaire "avoir", tend à délimiter le Moi et vise à séparer. C'est la tendance à faire valoir, à capitaliser, à transformer. En référence aux mouvements cardiaques, Szondi parlera d'égodiastole et d#égosystole. Le premier terme désigne le besoin p qui œuvre dans le sens de l'agrandissement sans limite du Moi; le second, concernant la tendance k, va dans le sens d#un rétrécissement afin de rendre le Moi libre de toute dépendance.

En Sch, c'est la dialectique entre l'extension de la conscience des désirs et la fonction limitative de la tendance k; entre le besoin d'élargissement du Moi et celui de son rétrécissement.

Cet outil permet une mise en valeur objective des tendances pulsionnelles qu'il met à jour. Il donne une appréciation de l'investissement pulsionnel à travers l'analyse et l'interprétation dialectique inter et intravectorielle. Ce test révèle la distribution quantitative des tensions de besoins dans la personnalité, ainsi que la manière dont l'individu va les traiter, les gérer. Il reflète la personnalité comme un ensemble dynamique qui subit de multiples et constantes variations par l'accumulation et la décharge de différentes tensions de besoins.

De passation simple et de cotation relativement aisée, la principale difficulté réside dans l#interprétation qualitative des résultats. En effet, celle ci ne s#appuie pas sur une grille de lecture ou de décodage comme pour d#autres tests mais repose sur une mise en concaténation des différents signes obtenus. La lecture qualitative appelle l#emploi de la dialectique.

Limiter l#emploi du test de Szondi à un cadre « pathologique » serait réduire les possibilités qu#il offre. En effet, un des intérêt du test réside dans le fait de pouvoir saisir une dynamique.

Notre utilisation du test de Szondi sur une population de sportifs pratiquant en haute altitude nous a permis de suivre les modifications pulsionnelles au fil des transformations physiologiques de l#organisme et de voir comment chaque sujet, à partir de sa personnalité propre, réagissait à la transformation de son environnement, et cherchait une adaptation. Il nous a fourni une « cartographie » des tensions pulsionnelles et les mécanismes psychiques employés par l#individu pour lutter contre ces déséquilibres internes provoqués par une source de danger extérieure, en l#occurrence un stress de nature hypoxique.

Notre travail a permis de montrer la sensibilité du vecteur Paroxysmal. Ceci confirme les hypothèses de Szondi sur la pertinence de ce vecteur à traduire le contrôle émotionnel. Ce vecteur est un indicateur de la régulation émotionnelle, du contrôle qu#exerce l#individu aux prises avec une situation angoissante qu#il ne peut objectivement maîtriser.

Les changements psychodynamiques sont rendus apparents. S#inscrivant dans cette optique, E. Brunel a poursuivi une recherche sur le thème du tatouage. Elle établit une distinction entre deux types : le « tatouage-économique » qui concerne la réponse à un conflit, et le « tatouage-mosaïque » pour lequel le sujet est dans une dimension où son corps devient l#objet d#une mise en forme esthétique. La passation du test de Szondi guide et éclaire cette étude, et permet de dégager des combinatoires pulsionnelles particulières aux deux catégories définies. Certains vecteurs sont propices à éclairer la différentielle, et particulièrement le vecteur de Contact dont l#échec de structuration est à la base de la problématique du sujet tatoué. Le « tatouage-économique » signe l#incapacité du sujet à se séparer, et le tatouage prend alors valeur de défi contre la perte. Sa lecture , entre métaphore et métonymie, témoigne de ce qu#il vient sauvegarder. Pour les sujets inscrits dans une démarche de « tatouage-mosaïque », le test de Szondi traduit une avidité pour s#assurer un maximum de choses fortement appréciées afin d#avoir la sécurité que donne la possession. Le sujet est insatisfait, il cherche toujours autre chose sans savoir quoi, soucieux d#une transformation continue de son entourage auquel son corps se rattache par la projection : recherche du neuf, dans l#illusion que quelque part existe une chose susceptible de le satisfaire, ouvrant la voie à la créativité et à l#inventivité. Les difficultés observées au niveau des vecteurs périphériques ne permettent pas aux sujets d#accéder à un moi mature, bien structuré. L#acte de tatouage constitue une voie de décharge des besoins pulsionnels exprimés dans le vecteur des affects.

Ces deux exemples d#application témoignent d#une utilisation possible de la méthode szondienne dans une perspective non pathologique. Un protocole peut être interrogé d#un point de vue opérotropique, et permettre la mise en évidence du mode de fonctionnement psychique mis en œuvre par un sujet. L#intérêt d#une lecture de ce style apparaît dans le cadre d#une étude portant sur un groupe d#individus exerçant une activité (professionnelle, sportive ou autre ) et où l#unité de l#échantillon consiste dans les caractéristiques d#un choix commun, celui de pratiquer l#activité en question.

La valeur opératoire telle que nous avons pu l#expérimenter nous permet d#envisager de nombreuses perspectives d#utilisation de l#outil szondien dans des domaines non exploités à ce jour. L#approche szondienne fournit un modèle de compréhension du fait anthropologique et de ses différentes traductions dans les conduites et dans les représentations. Il permet au clinicien de déplacer son regard en lui apportant un référentiel théorique, un modèle d#intelligibilité différent.

Cependant, avec le Szondi nous avons un véritable exemple de non franchissement du seuil d#innovation. Parmi les résistances, nous pouvons retenir celles qui portent sur le matériel constitué de photographies d#un type anthropométrique; ainsi que celles mettant en cause les références généalogiques initiales.

Les exemples d#applications peuvent être une façon de répondre aux critiques les plus sévères. Une des solutions pour que le Szondi puisse émerger est d#apporter des résultats, les transmettre, et présenter le modèle szondien aux étudiants.

Pour ceux qui accordent du crédit à cette technique, une des solutions est de se mettre en réseau, afin de travailler, d#échanger, d#approfondir les différentes possibilités qu#offre la théorie szondienne. Le Groupe d#Etudes Szondiennes de Montpellier est un exemple de stratégie mis en œuvre pour rendre la « tradition szondienne » innovante.

 

 

Cet article était destiné à une revue dont les lecteurs ne sont pas spécialistes du Szondi voir ne le connaissent pas.

c 1996-2000 Leo Berlips, JP Berlips & Jens Berlips, Slavick Shibayev